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Ter ES Saint Paul Ajaccio
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1 octobre 2005

des articles du monde sur les nouvelles technologies

En lien avec le chapitre à venir sur "capital progres technique et croissance"  une suite d'articles parus dans le Monde et relatifs à la révolution inernet

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Il y a cinq ans, le Nasdaq, l'indice de la Bourse américaine qui regroupe les valeurs technologiques, commençait sa dégringolade. Il allait entraîner dans sa chute la nouvelle économie, dont beaucoup d'analystes expliquaient, au plus fort de l'euphorie boursière à la fin des années 1990, qu'elle n'était pas seulement en train de chasser l'"ancienne économie", mais qu'elle contribuait aussi à bouleverser en profondeur les mécanismes de l'économie mondiale. Qu'il s'agisse de l'inflation, de la production, de la consommation, des politiques monétaires, des cycles économiques, de l'organisation du marché du travail.

Si aujourd'hui, après l'éclatement de la bulle Internet, il ne subsiste plus grand-chose de la nouvelle économie en tant que phénomène financier et boursier, si l'on excepte l'émergence de quelques nouveaux fleurons de la Netéconomie, qu'en est-il de son impact sur l'économie réelle ? Cette période annoncée comme la "troisième révolution industrielle" n'aura-t-elle été qu'un mirage ?

Ce n'est pas l'avis des économistes qui expliquent que les technologies de l'information et de la communication (TIC) ont joué un rôle décisif dans les gains de productivité observés dans les pays industrialisés au cours des dernières années, notamment aux Etats-Unis, et que le phénomène est appelé à durer. Les trois piliers de la nouvelle économie l'informatique, l'électronique et les télécommunications furent longtemps victimes du paradoxe de Solow, cet économiste américain qui écrivait en 1987 : "On voit les ordinateurs partout, sauf dans les statistiques". En d'autres termes, il était impossible de mesurer l'apport réel de l'informatisation sur la croissance économique et de façon plus spécifique sur la productivité du travail.

Dès la fin des années 1990, le paradoxe de Solow fut levé. Les statisticiens s'accordèrent pour dire que les nouvelles technologies en premier lieu le secteur informatique apportaient environ 1 point de croissance supplémentaire chaque année à l'économie américaine. Ils calculèrent que les gains de productivité étaient passé, toujours aux Etats-Unis, d'un rythme de 1,5 % par an entre 1990 et 1995 à 2,5 % par an de 1996 à 2000.

Après avoir enfin pu mesurer l'impact de la nouvelle économie sur la croissance réelle, les économistes au premier rang desquels Robert Gordon émirent alors une importante réserve, en expliquant que le progrès technique restait cantonné aux secteurs de pointe. De façon plus précise, à la fin des années 1990, la contribution de l'industrie informatique représentait à elle seule environ la moitié de la croissance de la productivité totale.

EFFETS POSITIFS

Les experts soulignent toutefois que cette donnée a changé au cours des dernières années, au moins aux Etats-Unis, et qu'aujourd'hui les bienfaits des TIC se font ressentir bien au-delà du seul secteur... des TIC ! Autrement dit, la nouvelle économie diffuse maintenant ses effets positifs, notamment en matière de productivité, dans l'ancienne économie. "Les nouvelles technologies se sont diffusées aux Etats-Unis en dehors de l'industrie des biens durables et des secteurs technologiques eux-mêmes, pour accroître la productivité de beaucoup d'autres secteurs, la distribution en particulier", note Patrick Artus, économiste chez Ixis-CIB. Après avoir été l'apanage d'entreprises comme Microsoft ou Dell, les importants gains de productivité que connaît actuellement l'économie américaine semblent davantage liés, désormais, à l'apport des TIC dans des entreprises classiques, comme le géant du commerce de détail Wal-Mart.

Le rôle-clé joué par les nouvelles technologies en matière de hausse de la productivité a de nombreuses conséquences. L'une d'elles est d'avoir permis, au moins jusqu'à présent, d'atténuer les tensions inflationnistes liées à la hausse des matières premières. Mais la principale est d'expliquer le retard de croissance dont souffre l'Europe, et notamment la France, par rapport aux Etats-Unis depuis une dizaine d'années. La productivité n'a ainsi augmenté en France, au cours de la période 1995-2002, que de 0,88 point, soit trois fois moins qu'aux Etats-Unis, la part des TIC y représentant seulement 0,46 point, contre 1,19 point aux Etats-Unis. "Le retard européen, et particulièrement français, dans la production et la diffusion des TIC est très pénalisant", notait l'économiste Gilbert Cette, dans le rapport "Productivité et croissance" publié en 2004 par le Conseil d'analyse économique (CAE). De nombreuses raisons ont été avancées pour expliquer un tel retard : une qualification moyenne de la main-d'oeuvre moins élevée en Europe qu'aux Etats-Unis ; une rigidité de la réglementation des marchés des biens et du travail sur le Vieux Continent mal adaptée à des entreprises productrices de TIC en mutation rapide ; un coût d'accès à Internet plus faible outre-Atlantique.

Il reste, au-delà de ces hypothèses, un constat : les piètres performances économiques des pays de la zone euro semblent s'expliquer pour une large part par la moindre place qu'y occupe la nouvelle économie, dont beaucoup disaient pourtant qu'elle était morte et enterrée. Un nouveau paradoxe...

Pierre-Antoine Delhommais

Article paru dans l'édition du 05.04.05

Dix ans après, Internet continue sa révolution

E 9 AOÛT 1995, l'entrée en Bourse de Netscape, société de logiciels de la Silicon Valley, marquait le début de la révolution Internet dans l'économie mondiale.

Dix ans plus tard, malgré l'explosion de la bulle spéculative en 2000, la "nouvelle économie" est une réalité. L'utilisation massive de la technologie d'Internet, à laquelle près d'un milliard d'individus ont aujourd'hui accès sur la planète, a profondément modifié la vie des gens et bouleversé le fonctionnement des entreprises.

De la multitude de start-up nées aux Etats-Unis et ailleurs, seules quatre survivantes figurent parmi les cent cinquante premières capitalisations américaines : Google, eBay, Yahoo! et Amazon. Mais, symbole de la nouvelle économie, le commerce en ligne reste l'une des grandes avancées économiques de la révolution du cyberespace.

Article paru dans l'édition du 19.08.05

Il y a dix ans, Internet commençait à changer le monde

Le 9 août 1995, le navigateur Netscape s'introduisait au Nasdaq, la Bourse des valeurs technologiques américaines. Cette PME de la Silicon Valley avait seize mois d'existence, ses ventes totalisaient à peine 25 millions de dollars et elle perdait de l'argent. Pourtant l'action, proposée à 14 dollars, a plus que doublé le jour même (29 dollars), accordant à la société une capitalisation boursière de 2 milliards. Son logiciel de surf ouvrait une nouvelle ère : il permettait au grand public, et non aux seuls initiés de l'informatique, d'accéder aux merveilles du World Wide Web.

Cette entrée en fanfare donna le coup d'envoi d'une euphorie autour de l'Internet, dont on prédisait qu'il allait révolutionner les modes de vie et créer une nouvelle économie. En Bourse, cette "exubérance irrationnelle", selon l'expression du président de la Réserve fédérale américaine, Alan Greenspan, s'est traduite par une multiplication par près de cinq de la valeur du Nasdaq entre 1995 et son pic en mars 2000 : des sociétés Internet naissantes, fondées par des étudiants dans des garages, qui dépensaient l'argent de leur capitaux-risqueurs avant d'avoir concrétisé la moindre vente, voyaient leurs valorisations boursières dépasser celles des géants de l'industrie.

Toutes ces illusions se sont envolées avec l'éclatement de la bulle spéculative : le Nasdaq n'est plus qu'à 40 % du niveau qu'il atteignait il y a cinq ans. La plupart des valeurs ". com" ont été rachetées ou liquidées.

Aujourd'hui, aux Etats-Unis, seules quatre survivantes 100 % Internet figurent au nombre des 150 premières capitalisations américaines : le moteur de recherche Google (30e), le site d'enchères eBay (50e), le portail Yahoo! (65e) et le cybermarchand Amazon (145e) ; en Asie, seulement une cyberentreprise appartient à ce club (le fonds Softbank, notamment actionnaire de Yahoo!) et aucune en Europe, même si de petites cyberentreprises grandissent régulièrement (comme le montrent, en France, les succès de Rueducommerce, Priceminister, Meilleurtaux, auFeminin ou Meetic).

Certes, le secteur connaît encore des poussées de fièvre : Google a vu son action s'envoler de 240 % depuis son introduction en Bourse le 19 août 2004 ; son homologue chinois Baidu, lui, a vu son titre quintupler le jour de son entrée au Nasdaq, le 5 août. Cependant, ces entreprises justifient désormais leur valeur selon les critères classiques de Wall Street : forte croissance mais surtout solide rentabilité.

Leurs résultats prouvent la validité de certains cybermodèles économiques. Le business sur Internet est devenu une affaire sérieuse dans nombre de secteurs. Aux Etats-Unis, plus de 20 % des achats de voyages se font électroniquement, le commerce en ligne représente plus de 6 % de l'ensemble des ventes au détail, la e-publicité pèse pour plus de 4 % des dépenses publicitaires totales. Et la part de l'Internet croît de 20 % à 40 % chaque année.

LES AUTRES MÉDIAS MENACÉS

Sur certains marchés, la rupture technologique est même brutale, déstabilisant les acteurs en place. L'exemple le plus frappant est certainement celui de l'industrie de la musique. Les grands du secteur souffrent d'un déclin des ventes de disques (20 % depuis 2000) alors que, depuis le succès du site Napster, des millions de chansons sont téléchargées gratuitement via des réseaux décentralisés (peer-to-peer) d'échange de fichiers (Kazaa, eMule, BitTorrent...).

Les studios de cinéma commencent à subir le même détournement de leur activité. Plus de 60 % des capacités du réseau Internet mondial seraient ainsi mobilisées par le téléchargement de contenus (musique, films, jeux vidéo, logiciels...).

Plus diffuse mais non moins réelle est la menace que fait peser le média Internet sur la presse, la télévision et la radio. Non seulement, il leur arrache de la publicité mais il les concurrence de manière frontale, ébranlant même leur légitimité.

Mais ceux qui ont le plus de souci à se faire sont certainement les grands opérateurs de télécommunications. D'ici cinq ans, les experts estiment que jusqu'à un tiers de leurs recettes issues de la téléphonie fixe vont fondre avec l'avènement de la téléphonie sur Internet (IP), qui casse la tarification à la durée et à la distance, rendant modique le prix des appels.

Les opérateurs ont vu le danger : en Europe, les grands (Deutsche Telekom, France Télécom, Telecom Italia et Telefonica) ont ainsi, en un an, racheté leur filiale d'accès Internet et multiplient les investissements pour avancer sur la convergence entre fixe, mobile et Internet.

Ce n'est là que la face visible de la "nouvelle économie". L'usage de la Toile s'est propagé dans toutes les entreprises (logistique, gestion des stocks, achats, distribution, service-client). Les économistes estiment ainsi que les Etats-Unis doivent chaque année un point de leur croissance aux gains de productivité apportés par la diffusion des technologies de l'information et de la communication.

En dix ans, Internet n'a pas seulement marqué l'économie, il a aussi envahi la vie quotidienne de millions de gens au moins dans les pays développés. Ses trois pouvoirs l'ubiquité, la variété et l'interactivité rendent son potentiel d'usages quasi infini.

Sur Internet, on peut certes comparer les prix des locations de vacances, acheter son frigo, vendre sa voiture d'occasion et payer ses impôts mais aussi se faire expliquer un itinéraire routier, lire le mode d'emploi de fabrication d'une bombe ou comparer les articles de la presse internationale, partager sa passion pour les hameçons anciens ou jouer au poker avec un internaute aux antipodes, trouver un ancien copain de classe ou un nouvel amoureux, discuter des prix du pétrole ou des frasques de Paris Hilton, montrer les photos de ses enfants à sa famille, télécharger un tube de Madonna ou la Constitution européenne, livrer ses réflexions et sa vie intime...

Que peut réserver de plus la décennie à venir ? Le développement du Web a été l'un des plus rapides de l'histoire des technologies (avec la téléphonie mobile) : le cap du milliard d'internautes devrait être passé cette année.

Mais les perspectives de croissance restent énormes dans les pays émergents (notamment en Chine et en Inde). Et l'arrivée à l'âge adulte des jeunes générations, rompues à l'utilisation du Web, devrait encore y contribuer. Si l'accès à haut débit représente une première étape dans l'accélération de l'usage du Net, la deuxième étape, son accès depuis les appareils mobiles, le rendra définitivement omniprésent.

Gaëlle Macke

Jean de Chambure, expert en veille technologique

"Internet a bien donné plus de pouvoir à chaque individu"

LE MONDE | 18.08.05 | 13h04  •  Mis à jour le 18.08.05 | 13h45

Jean de Chambure est responsable éditorial de l'Atelier, une structure de BNP Paribas qui effectue depuis quinze ans de la veille sur les technologies de l'information et de la communication.

Internet grand public a dix ans. Est-on sorti de la phase des fantasmes et des désillusions ?

La puissante euphorie collective de la fin des années 1990 autour des perspectives de l'Internet serait un bon sujet d'étude pour les historiens. Y aurait-il un phénomène millénariste ? En l'an 1000 proliféraient les scénarios catastrophistes sur l'avenir de la planète ; en l'an 2000 se sont développées des prédictions positivistes tout aussi passionnées sur un futur high-tech enchanteur.

Par ailleurs, alors que la génération des jeunes des années 1970 s'exprimait dans la contestation politique, ses enfants a vu avec l'Internet l'opportunité de bousculer l'ordre économique : au lieu que le peuple renverse le gouvernement, les mini-entreprises agiles allaient détrôner les grands groupes. Il y avait dans l'Internet une idéologie libertaire, où tout était gratuit, et les cyberentreprises se souciaient plus d'innover que de gagner de l'argent.

Internet n'a-t-il pas perdu un peu de la magie de ses débuts ?

Certes, le business sur Internet est devenu une activité économique importante et le mythe du tout gratuit a vécu. Cependant, l'Internet a bien donné plus de pouvoir à chaque individu : chacun peut être aussi bien informé qu'un journaliste, commercer à l'autre bout du monde comme une multinationale, partager ses fichiers avec ceux de millions d'autres pour constituer une banque de données géante... Son pouvoir de rassemblement a créé des formes de travail collectif, voire de troc et d'entraide : la plus connue est la confrérie des programmeurs de logiciels libres autour de Linux, qui fait trembler Microsoft. 

Sur eBay, des gens achètent des objets à des inconnus avec pour seule garantie les évaluations en ligne des précédents acheteurs sur la fiabilité du vendeur. Des milliers d'experts sur tel ou tel sujet écrivent bénévolement les 200 millions d'articles de l'encyclopédie en ligne multilingues et gratuite Wikipedia.

Quel est le principal impact sociétal d'Internet ?

On craignait qu'Internet maintienne les gens derrière leur ordinateur : ils travailleraient en ligne, consommeraient en ligne, passeraient tous leurs loisirs en ligne. Mais Internet est un formidable moyen de communication. Le courriel reste le premier usage de la Toile. Messagerie instantanée, forums de discussion, sites de communauté et de rencontres, blogs : en fait nos sociétés modernes ont une soif d'expression, d'information.

La diversité, l'accessibilité des contenus, auquel chacun peut contribuer, est une grande richesse. Mais attention au nivellement. Le principal problème du Net, qui explique l'importance prise par les moteurs de recherches, reste le tri, la hiérarchisation, la pertinence de ces milliards de pages Web.

Propos recueillis par Gaëlle Macke

Article paru dans l'édition du 19.08.05

La "nouvelle économie" existe bel et bien

LE MONDE | 18.08.05 | 13h04  •  Mis à jour le 18.08.05 | 13h04

NEW YORK de notre correspondant

L'expression "nouvelle économie", popularisée par le magazine Business Week en 1996, évoque aujourd'hui plutôt les excès de la bulle spéculative de la fin du XXe siècle et les promesses illusoires de prospérité pour tous et de croissance sans fin.

La frénésie d'enrichissement et la naïveté sont parties en fumée, mais pas les bouleversements nés de la mise en réseau planétaire des consommateurs, des producteurs et des distributeurs.

Dans son best-seller publié au début de l'année aux Etats-Unis The World is Flat ("Le monde est plat"), le journaliste et écrivain Thomas Friedman prend la mesure de l'impact des technologies de l'information. Il annonce la troisième phase de l'économie monde.

La première, remonterait àla découverte de l'Amérique en 1492. Elle est marquée par l'expansion européenne et par la "mondialisation des Etats". La deuxième, de 1800 à 2000, se caractérise par la "mondialisation des entreprises", la naissance et l'apogée des multinationales.

La troisième étape vient de commencer. Il s'agit de la "mondialisation des individus. Ils peuvent collaborer comme jamais et sont en c ompéti tion sur toute la planète. Le moteur n'est plus le muscle ni les machines, mais les logiciels et le réseau mondial de fibres optiques".

Pierre Omidyar, fondateur de la maison d'enchères en ligne eBay, fait une analyse similaire. "Nous assistons à un transfert de pouvoir fondamental, dit-il. Partout, les gens se rassemblent en utilisant Internet et changent les activités dans lesquelles ils sont impliqués."

Il y a à peine dix ans, il fallait téléphoner à sa banque pour connaître l'état de son compte, timbrer une enveloppe pour envoyer du courrier et lire son quotidien ou regarder la télévision pour connaître les résultats des matches de football etles prévisions météorologiques.

Aujourd'hui, selon une étude du Pew Internet & American Life Project, deux Américains sur trois font cela bien plus vite en ligne. Ils étaient 58 millions en décembre 2004 à envoyer au moins un courriel par jour et 35 millions à avoir fait de l'Internet leur principale source d'information.

Quelque 2 milliards de recherches sont effectuées chaque mois via Google ; dans le même temps, le site de son concurrent Yahoo! est consulté par 345 millions de personnes. Près de 1 milliard d'êtres humains ont accès au réseau.

La partie émergée de l'iceberg de la nouvelle économie est le commerce en ligne. Deux entreprises, eBay et Amazon, ont fait de l'Internet une part grandissante du commerce mondial. Les ventes en ligne aux Etats-Unis ont atteint, en 2004, 6,5 % du chiffre d'affaires du commerce de détail. Selon Forrester Research, ce taux pourrait atteindre 13 % en 2010. La communauté des utilisateurs d'eBay dans le monde représente 157 millions d'individus, dont 500 000 aux Etats-Unis en ont fait leur principale activité professionnelle. La valeur des enchères sur eBay devrait atteindre 45 milliards de dollars (36,6 milliards d'euros) cette année.

Sur un modèle de commerce plus classique, Amazon compte 41 millions de clients dans sept pays. La musique en ligne et le piratage ont explosé, mettant à mal les maisons de disques. Légal et payant, l'Apple Music Store a vendu plus de 500 millions de chansons en deux ans. Dans le domaine de l'information, Internet menace la suprématie et l'avenir des médias traditionnels, notamment écrits.

UNE NÉCESSITÉ

La partie la moins visible des transformations, celles qui affectent le fonctionnement des entreprises, leur organisation, leurs stratégies, est sans doute la plus lourde de conséquences. Les sociétés peuvent aujourd'hui à la fois s'adresser au monde et s'adapter localement à chaque marché. La concurrence en est décuplée.

La capacité à recueillir, à traiter et à exploiter l'information, à travailler en réseau, à servir de manière personnalisée ses clients, tout en tirant parti des avantages d'une production à grande échelle, devient une nécessité pour rester compétitif. L'utilisation de supports électroniques pour les échanges d'information entre fournisseurs, sous-traitants, clients, prestataires de services et organismes financiers s'est généralisée.

Cela se traduit par une accélération sans précédent des gains de productivité. Entre les années 1970 et 1990, la productivité du travail aux Etats-Unis a augmenté en moyenne de 1,4 % par an. A partir de 1995, elle s'est accrue de 2,5 %, et de 4 % depuis 2001.

Le centre de recherche du MIT (Massachusetts Institute of Technology) sur la nouvelle économie souligne les stratégies très différentes d'entreprises. Certaines se contentent de supprimer certaines tâches. D'autres, celles qui réussissent le mieux, changent totalement leur organisation et donnent les informations et les responsabilités nécessaires aux salariés pour qu'ils puissent à tout moment reprendre le contrôle.

La preuve de la foi retrouvée dans la nouvelle économie se trouve dans le retour des utopies. Dans son numéro d'août consacré aux "Dix ans qui ont changé le monde", le magazine Wired constate avec satisfaction que "moins de la moitié du Web est commercial, le reste fonctionne avec la passion". Il prend pour exemple le phénomène des blogs, dont 50 millions "sont apparus presque instantanément et n'ont aucune logique économique".

Yochai Benkler, professeur à l'université Yale, spécialiste de l'économie des réseaux, estime que la collaboration en ligne crée un nouveau mode de production différent de la relation traditionnelle entre les entreprises et le marché. Il prend pour exemple les logiciels libres, le partage de données en ligne et les millions d'appréciations portées par les consommateurs et accessibles sur les sites. "Le rôle économique du comportement social devient plus important", souligne-t-il.

Eric Leser

Article paru dans l'édition du 19.08.05

Article paru dans l'édition du 19.08.05

LE MONDE | 18.08.05 | 13h04  •  Mis à jour le 18.08.05 | 13h46

LE MONDE ECONOMIE | 08.04.05 | 18h32  •  Mis à jour le 08.04.05 | 18h32

Les technologies de l'information dopent la productivité

LE MONDE | 18.08.05 | 12h33

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