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Ter ES Saint Paul Ajaccio
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2 octobre 2005

un article dans le figaro

Un texte du Figaro utilisable dans le chapitre sur le progrès technique:

Plus de 11% de la population allemande était au chômage en septembre, contre environ 5% aux Etats-Unis. Derrière les chiffres de l'emploi publiés hier se dresse l'impressionnant décalage de conjoncture entre l'Europe et la première puissance économique du monde. Un phénomène qui n'a fait que s'amplifier au fil du temps : entre 1980 et 2000 la croissance américaine a dépassé celle de l'Europe de 0,9% par an en moyenne. Le différentiel a atteint 1,4% entre 1992 et 2005. Pour le Vieux Continent, la facture est salée. Cette croissance manquée depuis vingt ans a coûté à la zone euro l'équivalent du produit intérieur brut (PIB) de la France et de l'Italie, chiffrent les spécialistes, justifiant au passage le taux de chômage structurellement élevé de la région.

«Si cet écart se maintient, à l'horizon d'une génération, un nouvel ordre économique sera dessiné», avertit Christophe Donay, stratégiste de la maison de titres Kepler Equities : d'ici à 2035, le PIB chinois aura devancé celui de l'Europe sur l'échiquier de la richesse mondiale. L'inquiétude monte chez les économistes car la source du mal a beau être identifiée – le retard d'investissement productif accumulé par l'Europe depuis quinze ans – les moyens mis en oeuvre pour l'éradiquer portent trop peu de fruits.

Encore dynamique au cours des années 70, période marquée par des gains de productivité supérieurs à ceux des Etats-Unis, le Vieux Continent a mal vécu les débuts de la mondialisation. A l'époque, au début des années 90, la réunification allemande coûte cher à toute la région. Elle s'accompagne d'une monnaie forte et de taux d'intérêt élevés qui provoquent, notamment, une crise immobilière en France. L'investissement cale au point que si la révolution des technologies de l'information déferle outre-Atlantique, elle n'atteint que tardivement l'Europe (en 1998). Et encore ! La bulle Internet est invisible sur la courbe désespérément plate des investissements européens.

Alors que la biotechnologie, les nanotechnologies et le secteur de l'énergie stimulent depuis deux ans déjà les projets de recherche américains, «l'Europe est en train de rater un deuxième cycle d'investissement qui s'amorce aux États-Unis», s'inquiète Christophe Donay. En Allemagne, le volume des investissements atteint tout juste son niveau de 1995 ! Ses voisins sont à peine mieux lotis...

Or, même les dirigeants européens n'ignorent plus que dans les économies matures, la dynamique économique vient de l'offre plus que de la demande. C'est très clair dans le développement du téléphone mobile ou d'Internet par exemple. L'innovation est devenue essentielle pour la croissance. Dès l'an 2000, les Européens se donc sont fixé à Lisbonne l'objectif de consacrer 3% de leur PIB à la recherche-développement en 2010. Les Quinze sont aujourd'hui à peine à 2%, contre 2,7% aux Etats-Unis. «Sur la base des projections actuelles, nous n'atteindrons que 2,6% dans cinq ans», s'inquiétait au printemps dernier le commissaire européen à la Science et à la Recherche Janez Potocnik.

En 2004, les Américains ont déposé 634 brevets par million d'habitants, contre 161 en Europe.

Parmi les dix plus grands éditeurs mondiaux de logiciels, neuf sont américains. L'Union européenne affiche aussi un important déficit commercial en produits de haute technologie : 23 milliards d'euros au début des années 2000, contre un excédent de 39 milliards pour le Japon...

Tant que la zone euro n'innovera pas suffisamment, sa productivité et son potentiel de croissance resteront faibles. Outre les efforts que Bruxelles tente de déployer, elle a besoin de «financiers de l'investissement» capables d'accompagner des projets de long terme. Les Européens épargnent beaucoup mais cette épargne est trop souvent gaspillée dans le financement des dépenses courantes des Etats.

Quant aux entreprises, elles profitent de bas taux d'intérêt et leur trésorerie est aujourd'hui pléthorique, mais la faiblesse de la consommation européenne les pousse à chercher à l'étranger des projets d'investissement plus rentables.

Pourtant, une chose est sûre : l'Europe n'est pas moins capable que les Etats-Unis de créer des emplois, et donc de la demande. Les études empiriques démontrent que 1 point de croissance de l'investissement génère dans les deux régions la création de 0,2% d'emplois supplémentaires (0,17% au Royaume-Uni).

Muriel Motte, « Dans la course à la croissance, le manque d'investissement pénalise l'Europe », 30 septembre 2005, Le Figaro

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