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6 février 2008

deficit commercial de la france

Déficit commercial record de la France, excédent historique en Allemagne

Article paru dans l'édition du 11.01.08

Pétrole cher, euro fort, insuffisante compétitivité des entreprises : le déficit de la France en 2007 pourrait s'élever à 40 milliards d'euros

Avec un solde négatif de 4,792 milliards d'euros en novembre, supérieur de 30 % au précédent record mensuel, en octobre, la France s'apprête à pulvériser en 2007 tous ses records de déficit commercial. Pour les douze derniers mois, ont annoncé, mercredi 9 janvier, les douanes, il atteint 37,967 milliards d'euros en cumulé, ce qui ne s'est jamais vu.

Dans un entretien aux Echos du 10 janvier, le secrétaire d'Etat aux entreprises et au commerce extérieur, Hervé Novelli, reconnaît le caractère « historique » de cette contre-performance française, d'autant plus spectaculaire que son principal partenaire commercial, l'Allemagne, a affiché en novembre un excédent de 19,3 milliards d'euros, sans précédent depuis dix-sept ans, selon l'Office fédérale des statistiques.

« Nous finirons l'année 2007 avec un solde entre - 35 et - 40 milliards d'euros qui résulte, pour les trois quarts du solde énergétique. Notre déficit est historique parce que le prix du pétrole est historique », fait valoir M. Novelli. Le déficit français avait atteint 28,2 milliards d'euros en 2006 et 22,9 milliards en 2005.

Le point de vue de M. Novelli ne résiste guère à l'analyse. Le renchérissement du prix de l'énergie plombe le solde commercial français, et les importations d'hydrocarbures naturels ont connu une nouvelle hausse de plus de 200 millions d'euros en novembre. Mais l'euro fort et surtout le manque de compétitivité des exportateurs français ont joué un rôle dans la détérioration sans précédent et très rapide de la balance commerciale.

Les exportations françaises, qui s'élèvent sur douze mois à 33,304 milliards d'euros, n'ont progressé que de 2,9 % sur un an, tandis que les importations (38,096 milliards d'euros) augmentaient de 8,4 %. Presque tous les secteurs de l'économie affichent des soldes négatifs. Le déficit industriel se creuse et dépasse les 2 milliards d'euros. Les ventes d'Airbus n'ont rapporté que 895 millions d'euros en novembre. Il s'agit de « la deuxième plus mauvaise performance depuis août 2006 », écrit Alexandre Law (Xerfi) qui souligne le caractère préoccupant de « la baisse de régime de deux pôles d'excellence traditionnels de l'industrie française : l'aéronautique et l'automobile ».

De fait, cette dernière industrie affiche, selon les douanes, « un premier déficit conséquent » de 300 millions d'euros, en raison de la baisse des exportations et de la hausse des importations en provenance d'Allemagne, d'Italie, des Pays-Bas, du Royaume-Uni et des pays de l'élargissement.

Mais les autres secteurs industriels sont touchés : les exportations de biens de consommation marquent le pas depuis deux mois, du fait du fléchissement des ventes de produits pharmaceutiques vers les Etats-Unis et la Suisse. Les exportations de biens intermédiaires demeurent « globalement stables » et l'agroalimentaire fléchit.

Le déficit commercial de la France avec l'Union européenne atteint en novembre 2,3 milliards d'euros. Ses échanges avec l'Amérique diminuent. Tel est le cas également des exportations vers la Chine.

Hors énergie, analyse l'économiste Philippe Waechter (Natixis Asset Management), le commerce extérieur a été, en novembre, déficitaire pour la première fois depuis 1991. « A la fin du mois de novembre 2006, écrit-il, le solde (hors énergie) cumulé depuis janvier 2006 était excédentaire de 17,3 milliards d'euros (... ). En novembre 2007, le même calcul fait ressortir un excédent de 5,1 milliards cumulé depuis janvier ». « En un an, l'excédent a fondu de 12 milliards », ce qui, précise M. Waechter, « reflète probablement une dégradation de compétitivité liée au manque d'innovation, aux prix, mais aussi sûrement à la spécialisation géographique ». Le commerce extérieur français est « trop présent sur la zone euro et trop peu actif sur les zones à forte croissance » (Asie, Europe centrale), conclut l'économiste.

Claire Guélaud

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