Progrès technique Emploi
Quels sont les effets du Progrès Technique sur l’emploi ? Le Progrès Technique, que l’on peut représenter comme l’ensemble des innovations qui modifient les processus productifs, est depuis longtemps l’objet de fortes inquiétudes. Lors du développement de la Révolution Industrielle, la mécanisation provoque d’importants rejets de la part du mouvement ouvrier (Luddisme en Angleterre, Canuts lyonnais en France…). Au début du siècle, l’introduction du Taylorisme et du Fordisme se heurte à de vives contestations syndicales. Aujourd’hui encore, ces craintes sont ravivées par l’extension des nouvelles technologies. Pour un bon nombre de nos contemporains, c’est d’ailleurs dans le développement sans cesse croissant du Progrès Technique qu’il faut chercher la cause du chômage actuel. Les effets du Progrès Technique s’avèrent contraster selon que l’on prend en compte les effets directs ou indirects. Dans de nombreuses situations, le Progrès Technique détruit des emplois. Mais le Progrès Technique est aussi créateur d’emplois. Laquelle de ces deux tendances l’emporte ? Le Progrès Technique a donc des effets contrastés sur le volume de l’emploi, le bilan final étant largement dominé par le contexte économique et politique dans lequel il s’insère. Mais l’impact du Progrès Technique ne se limite pas au volume de l’emploi, car il affecte également la nature des emplois. Le premier effet du Progrès Technique sur la transformation de la nature des emplois concerne les mutations sectorielles de l’emploi. Tous les pays développés ont connu depuis le 19ème siècle un basculement progressif de leurs emplois du secteur primaire au secteur secondaire puis aujourd’hui un développement des emplois du secteur tertiaire. Ce point de vue a été mis en évidence par Alfred Sauvy dans sa thèse du déversement. L’abaissement des coûts de production dans l’agriculture a permis de déverser une partie du pouvoir d’achat des ménages dans la demande de biens manufacturés, ce qui a constitué un puissant facteur de développement de la demande de biens manufacturés et par conséquent des emplois industriels. L’élévation continue du niveau de vie permet aujourd’hui l’accès à des services de plus en plus vastes. Cette nouvelle demande est créatrice d’emplois à tel point que le secteur tertiaire regroupe 70% du total des emplois en France. La structure des emplois s’est donc profondément transformée en l’espace de 50 ans, comme en témoigne l’évolution de la structure des PCS. Le Progrès Technique a également pour effet de modifier les qualifications des emplois. La structure des emplois se modifie et les emplois les plus qualifiés se développent. Ainsi, entre 1982 et 1995, les PCS qui regroupent les professions les plus qualifiées n’ont pas cessé d’augmenter. Les cadres ont vu leur effectif s’accroître de plus de 1 million de personnes (1.061.000), et les professions intermédiaires de 628.000 personnes. A l’inverse, les PCS regroupant les professions les moins qualifiées, comme celle des ouvriers, ont subi de véritables hémorragies d’emplois (moins 1.094.000 postes). Mais ce n’est pas seulement la qualification des emplois qui a progressé, c’est aussi la qualification individuelle. L’augmentation de la population active de près de 1.500.000 personnes traduit en fait une élévation patente du niveau de qualification des actifs. En effet, « disparaissent » 3,5 millions de personnes sans diplômes au profit de 2.257.000 personnes diplômées de l’enseignement supérieur et de 700.000 personnes possédant le baccalauréat. On observe ce même phénomène à l’intérieur des PCS. L’essentiel de l’augmentation du nombre de professions intermédiaires a été le fait de personnes dotées d’un diplôme de l’enseignement supérieur. C’est évidemment le cas chez les cadres, mais aussi chez les ouvriers, ou la possession d’un CAP s’impose comme un niveau de diplôme minimal. Peut-on conclure de ce qui précède que le Progrès Technique améliore toujours les qualifications ? Même si globalement la réponse peut sembler positive, il convient malgré tout de la nuancer. D’une part parce-que de nombreux emplois peu qualifiés se développent dans le secteur tertiaire (hôtellerie, transports, sécurité, entretien…). On peut même parler d’une véritable taylorisation de certaines professions de service (caissière de supermarché, préparateur en restauration rapide). D’autre part, ce n’est pas parce-que les mêmes emplois sont accomplis par des personnes beaucoup plus qualifiées que la nature des emplois, elle, a changé. Enfin, le même Progrès Technique (l’introduction d’une machine à commande numérique ou l’informatisation d’un service comptable) peut se traduire par des logiques sociales très différentes sur le plan de la redéfinition des qualifications. Dans certains cas c’est une véritable élévation des qualifications que connaîtront les salariés (stages de qualification, enrichissement des tâches, reclassement au sein de la grille salariale). Dans d’autres cas, l’introduction des nouvelles technologies fait disparaître toutes les traces d’autonomie, d’initiative et de responsabilité qui s’attachaient à l’ancien poste de travail. CONCLUSION : On peut dégager une idée force que la Progrès Technique n’est pas en soit déterminant ni dans l’évolution du volume de l’emploi, ni dans l’élévation des qualifications. Dans le premier cas, on a pu constater que la relation Progrès Technique – emploi était largement déterminé par l’intensité de la croissance économique. Dans le second cas, on a pu constater que les logiques sociales à l’œuvre peuvent modifier les conséquences du Progrès Technique, soit dans le sens d’une amélioration des qualifications, soit dans le sens d’une déqualification. |
MERCI à PIERRE |