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1 février 2006

dans libé le pb social de l'opa dans la sidérurgie mondiale

alire dans libération les aspects sociaux en cause de l'opa

http://www.liberation.fr/page.php?Article=355840

Economie

L'homme d'affaires qui a lancé l'OPA sur Arcelor s'affiche comme un patron soucieux de l'emploi. Visite de trois pays où son groupe est implanté.
Mittal, socialement correct ?

Par Mathieu HAUTEMULLE et Laurent MAURIAC et Luca NICULESCU
mercredi 01 février 2006



faut-il croire Lakshmi Mittal, le patron de Mittal Steel, quand il déclare qu'il ne touchera pas à un cheveu d'une usine d'Arcelor s'il réussit son OPA sur le groupe sidérurgiste européen ? Est-il vraiment, comme il aime à le dire, un patron soucieux de la préservation de l'emploi ? Mieux ou moins-disant social ? Un petit voyage dans trois pays où Mittal possède des usines dégage un bilan parfois positif.

France

«Les résultats sont restaurés»

A quelques dizaines de kilomètres du gros site d'Arcelor, en Lorraine, se trouve l'aciérie électrique Mittal Steel de Gandrange (Moselle). En 1999, Usinor, propriétaire du site et futur Arcelor, devait choisir : «Fermer le site ou vendre au franc symbolique», se rappelle Gérard Loparelli, délégué CGT. L'usine est alors cédée au groupe anglo-indien Ispat, qui deviendra Mittal Steel. Des 14 000 salariés à l'apogée du site, dans les années 70, il n'en restait alors qu'un «petit millier». Six ans plus tard, Gérard Loparelli se félicite du chemin parcouru. Même si le nombre des salariés est resté identique (près de 1 000), la moyenne d'âge de l'usine, elle, a rajeuni. Elle est tombée à 46 ans, après avoir atteint plus de 50 ans, il y a six ans. Qualifiés ou non, quelque 300 jeunes ont été embauchés, une quarantaine doit l'être en janvier et février. «On devrait avoir disparu, être morts et enterrés. Le statut de sidérurgiste est resté intact. Et aujourd'hui, les résultats sont restaurés», dit Gérard Loparelli.

Pour «fidéliser» les jeunes recrues, des augmentations de salaires de 150 à 200 euros ont été octroyées en 2005. «Avant, on était très mal payés, la lanterne rouge d'Usinor, résume Gérard Loparelli. Aujourd'hui, c'est mieux.» Mais le nouvel employeur indien «peut largement mieux faire», tempère Xavier Phan Dinh, délégué CGT. «Certaines disparités de salaires» perdurent avec d'autres sidérurgistes de la région. Et les conditions de travail, elles, «se sont peut-être un peu détériorées, relativise Jacky Bernard, militant CFDT. Le travail est resté le même, avec moins d'effectifs.»

Pour certains syndicalistes, la différence entre les cultures d'Arcelor et de Mittal Steel se révèle ténue. «Leurs valeurs sont identiques : libéralisme, libre-échange, profit maximum», compare Gérard Loparelli. Les récentes déclarations de Guy Dollé (sur la fabrication de «parfum» par Arcelor et d'«eau de Cologne» par Mittal Steel) ont agacé les salariés français de Mittal. «C'est sous son égide, avec Francis Mer (ancien président d'Arcelor), qu'il nous avait vendus à Mittal», rappelle Jacky Bernard. «Il est mal placé pour parler des questions sociales, estime Xavier Phan Dinh. Il est l'un des fossoyeurs de la sidérurgie.»

Roumanie

«Les salaires n'ont pas suivi»

En Roumanie, Mittal Steel détient quatre aciéries, dont celle de Galati, au bord du Danube, la plus grosse du pays. Racheté en 2001 pour la somme modique de 50 millions de dollars, ce mammouth hérité de l'époque communiste était devenu un véritable gouffre financier, les pertes avoisinant 1 million de dollars par jour. Avant de relancer l'activité, Mittal Steel a procédé à une véritable cure d'amaigrissement : 17 000 ouvriers sur 27 000 ont été priés de partir. Dans la plupart des cas, il s'agissait de départs volontaires, avec quelques milliers d'euros en poche comme prime. Une petite fortune dans un pays où le salaire moyen avoisine les 150 euros. Après des investissements de 400 millions d'euros, aujourd'hui Sidex Galati a retrouvé une partie de son ancienne beauté. Epaulé par une remontée du cours mondial de l'acier, Sidex a même engendré, l'an dernier, un profit d'environ 20 millions de dollars.

Pour les salariés, pourtant, tout n'est pas parfait. «Tous ces départs d'ouvriers font en sorte que ceux qui sont restés doivent travailler davantage. Et malheureusement, les salaires n'ont pas suivi», explique Marian Scanteie, leader syndical chez Sidex Galati. Et de pointer un autre problème : les accidents du travail, une soixantaine en 2005, dont cinq mortels. Les salariés estiment qu'ils sont dus en partie à la cadence de travail imposée par les repreneurs. D'ailleurs, en ce début d'année, la grogne sociale se fait de plus en plus entendre au bord du Danube. Pour l'éteindre, Mittal Steel a proposé une hausse des salaires de 10 % pour cette année. «Cela couvrira à peine le taux d'inflation», s'exclame Marian Scanteie.

Etats-Unis

«Une impression de brutalité»

Le syndicat américain Independent Steelworkers Union n'a pas une très bonne opinion de Mittal Steel. La compagnie a annoncé, fin décembre, la fermeture de plusieurs installations et la suppression de 950 postes à l'usine de Weirton, en Virginie-Occidentale. Près de la moitié de l'effectif. Ce site fait partie de l'entreprise International Steel Group (ISG), acquise par Mittal Steel en avril. «Ces fermetures n'étaient pas prévues au moment du rachat, affirme Mark Glyptis, président du syndicat. Ils avaient affirmé qu'ils rachetaient l'entreprise pour la faire tourner, pas pour fermer des usines.» Le syndicat dit avoir proposé des réductions de coûts de 93 millions de dollars par an pour éviter les fermetures. «Nous avons une impression de brutalité, explique Dave Gossitt, l'un des employés licenciés, devenu porte-parole du syndicat. Mittal dépense beaucoup d'argent pour sa vie personnelle, pour construire son empire. Il ignore les travailleurs, ici à Weirton.»

Les salariés des autres implantations d'ISG ont plus de chance. Pas de suppressions de postes en vue. «Nous voyons des bénéfices dans le rachat par Mittal, dit Marco Trbovitch, porte-parole du syndicat United Steelworkers of America, qui représente les autres employés du groupe. Mittal a repris à son compte les accords conclus avec ISG. Pour nous, c'est un interlocuteur solide. Nous avons des discussions continuelles.»

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