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Ter ES Saint Paul Ajaccio
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21 mars 2006

suitede cours la montée des interdépendances

1.2.3 - La montée de l'interdépendance des économies.

Après avoir dit en quoi elle consistait, nous en développerons un aspect, lié aux questions financières

1.2.3.1 - En quoi consiste cette interdépendance ?

· Premier aspect : au niveau des économies nationales,  quand une part significative de la production nationale est exportée, quand un travailleur sur trois ou quatre travaille pour l’exportation, on comprend bien que la situation économique du pays dépend, pour une large part souvent, de la conjoncture ou des décisions prises dans les pays clients ou fournisseurs. Imaginons, par exemple,  que la consommation américaine fléchisse nettement dans les mois à venir. On peut penser que les travailleurs allemands travaillant dans les entreprises vendant des produits aux américains risquent de connaître des réductions d’horaires, voire des licenciements.

· Deuxième aspect : parce que les échanges de marchandises et de capitaux se réalisent pratiquement sans entrave aujourd’hui, les firmes ne réfléchissent plus, ou en tout cas de moins en moins, leur stratégie à l’échelon national. C’est le marché mondial qui compte. La logique de décision des entreprises s’est transformée, ce qui transforme les conditions de la production à l’intérieur même des économies nationales, qui ne peuvent plus être “ indépendantes ” du reste du monde économique.

1.2.3.2 - La globalisation financière.

· Ce terme désigne le processus de libéralisation quasi complète des échanges de capitaux depuis le début des années 80, débouchant sur la réalisation d’un marché mondial des capitaux très peu contrôlé. Ce processus s’est réalisé au travers de la déréglementation des mouvements de capitaux (il n’y a plus de contrôle), du décloisonnement des marchés (les différents marchés des capitaux ne sont plus séparés les uns des autres et tous les acteurs peuvent intervenir sur tous les marchés) et de la désintermédiation (aujourd’hui, de plus en plus, les entreprises ont un accès direct aux marchés des capitaux sans passer par les intermédiaires traditionnels que sont les banques). Aujourd’hui, 90% des échanges mondiaux totaux (biens, services et capitaux) sont des échanges de capitaux, les biens et services n’en représentant que 10%. C’est dire à quel point les mouvements de capitaux représentent des sommes colossales. Il faut dire aussi que les capitaux circulent par simple jeu d’écritures informatiques, ce qui est très facile, bien plus facile et rapide que l’échange des biens ou des services.

· En quoi ces échanges renforcent-ils l’interdépendance des économies ? Aujourd’hui, les entreprises et les autres acteurs de l’économie (banques, sociétés d’assurance, Etats) vont emprunter, ou prêter, sur un marché des capitaux unique, mondial. Sur ce marché se fixent, comme sur tous les marchés, des prix. Ici, il s’agit du prix de l’argent, c’est à dire du taux d’intérêt. La globalisation financière aboutit à ce que le taux d’intérêt ne se fixe plus sur le marché national : ce n’est donc plus l’offre et la demande intérieures de monnaie qui déterminent le montant du taux d’intérêt mais la situation internationale du marché des capitaux. Résultat : les taux d'intérêt vont monter ou baisser sans que cela corresponde forcément aux nécessités économiques intérieures. Et les conditions du financement des investissements, à l’intérieur du pays, vont dépendre de considérations internationales. Par exemple, imaginons que le taux d’intérêt s’élève aux Etats-Unis parce que l’Etat américain a besoin de beaucoup emprunter pour financer ses dépenses militaires. Le taux d’intérêt va s’élever aussi en France sans qu’il y ait de raison objective à cette élévation, simplement parce que si ce n’était pas le cas, les capitaux disponibles en France iraient se placer sur le marché américain. Résultat : les entreprises françaises vont devoir financer leurs investissements de manière coûteuse, elles peuvent même être amenées à renoncer à l’investissement si la rentabilité devenait trop faible, compte tenu du niveau des taux d’intérêt.

· Sur le plan des marchés des changes (c'est-à-dire le marché sur lequel on échange des monnaies, que l’on appelle devises, entre elles), on se trouve dans une situation à peu près similaire : depuis le début des années 70, le système des changes fixes (système dans lequel l’Etat fixe lui-même la valeur de sa monnaie en référence à un étalon, soit l’or, soit une autre monnaie, le dollar en général) a été abandonné et remplacé par un système de changes flottants (le taux de change d’une monnaie se fixe au jour le jour sur le marché des changes en fonction de l’offre et de la demande de la monnaie). Le régime de change, c'est-à-dire le système que les pays choisissent pour organiser leurs échanges de monnaie, s’est donc fondamentalement modifié. Le taux de change, c'est-à-dire le prix auquel une monnaie s’échange contre une autre monnaie, est donc devenu très fluctuant en fonction des évènements internationaux et/ou nationaux. Ces fluctuations vont avoir des conséquences, parfois non négligeables, sur l’activité économique intérieure : si le cours du dollar s’élève et que nous payons notre facture pétrolière en dollars, nous allons devoir payer davantage, alors même que le prix du pétrole lui-même (en dollars) n’a pas bougé. De même, si le cours du dollar baisse, le montant en euros correspondant à nos ventes d’Airbus, qui se font toujours en dollars (pas seulement quand on vend à une entreprise américaine), va diminuer, ce qui va affecter d’une part le montant de nos exportations, d’autre part les recettes de l’entreprise fabriquant les Airbus, ce qui risque peut-être de la mettre en péril (l’entreprise pourra-t-elle payer les salaires, par exemple, qui, eux, sont payés en euros, pas en dollars ?). On le voit, quand les monnaies flottent, ce qui devient difficile pour les entreprises, c’est de prévoir et donc de prendre des décisions dans un climat d’incertitude, car personne ne peut prévoir comment va évoluer le cours d’une monnaie. Nous reparlerons de ces questions dans la deuxième partie de ce chapitre.

Conclusion : on observe donc un développement très rapide des échanges internationaux  dans un cadre de plus en plus libre-échangiste. Dans quelle mesure ce développement a-t-il favorisé la croissance économique ? C’est que nous allons étudier maintenant.

1.2.3.2 - La globalisation financière.

· Ce terme désigne le processus de libéralisation quasi complète des échanges de capitaux depuis le début des années 80, débouchant sur la réalisation d’un marché mondial des capitaux très peu contrôlé. Ce processus s’est réalisé au travers de la déréglementation des mouvements de capitaux (il n’y a plus de contrôle), du décloisonnement des marchés (les différents marchés des capitaux ne sont plus séparés les uns des autres et tous les acteurs peuvent intervenir sur tous les marchés) et de la désintermédiation (aujourd’hui, de plus en plus, les entreprises ont un accès direct aux marchés des capitaux sans passer par les intermédiaires traditionnels que sont les banques). Aujourd’hui, 90% des échanges mondiaux totaux (biens, services et capitaux) sont des échanges de capitaux, les biens et services n’en représentant que 10%. C’est dire à quel point les mouvements de capitaux représentent des sommes colossales. Il faut dire aussi que les capitaux circulent par simple jeu d’écritures informatiques, ce qui est très facile, bien plus facile et rapide que l’échange des biens ou des services.

· En quoi ces échanges renforcent-ils l’interdépendance des économies ? Aujourd’hui, les entreprises et les autres acteurs de l’économie (banques, sociétés d’assurance, Etats) vont emprunter, ou prêter, sur un marché des capitaux unique, mondial. Sur ce marché se fixent, comme sur tous les marchés, des prix. Ici, il s’agit du prix de l’argent, c’est à dire du taux d’intérêt. La globalisation financière aboutit à ce que le taux d’intérêt ne se fixe plus sur le marché national : ce n’est donc plus l’offre et la demande intérieures de monnaie qui déterminent le montant du taux d’intérêt mais la situation internationale du marché des capitaux. Résultat : les taux d'intérêt vont monter ou baisser sans que cela corresponde forcément aux nécessités économiques intérieures. Et les conditions du financement des investissements, à l’intérieur du pays, vont dépendre de considérations internationales. Par exemple, imaginons que le taux d’intérêt s’élève aux Etats-Unis parce que l’Etat américain a besoin de beaucoup emprunter pour financer ses dépenses militaires. Le taux d’intérêt va s’élever aussi en France sans qu’il y ait de raison objective à cette élévation, simplement parce que si ce n’était pas le cas, les capitaux disponibles en France iraient se placer sur le marché américain. Résultat : les entreprises françaises vont devoir financer leurs investissements de manière coûteuse, elles peuvent même être amenées à renoncer à l’investissement si la rentabilité devenait trop faible, compte tenu du niveau des taux d’intérêt.

· Sur le plan des marchés des changes (c'est-à-dire le marché sur lequel on échange des monnaies, que l’on appelle devises, entre elles), on se trouve dans une situation à peu près similaire : depuis le début des années 70, le système des changes fixes (système dans lequel l’Etat fixe lui-même la valeur de sa monnaie en référence à un étalon, soit l’or, soit une autre monnaie, le dollar en général) a été abandonné et remplacé par un système de changes flottants (le taux de change d’une monnaie se fixe au jour le jour sur le marché des changes en fonction de l’offre et de la demande de la monnaie). Le régime de change, c'est-à-dire le système que les pays choisissent pour organiser leurs échanges de monnaie, s’est donc fondamentalement modifié. Le taux de change, c'est-à-dire le prix auquel une monnaie s’échange contre une autre monnaie, est donc devenu très fluctuant en fonction des évènements internationaux et/ou nationaux. Ces fluctuations vont avoir des conséquences, parfois non négligeables, sur l’activité économique intérieure : si le cours du dollar s’élève et que nous payons notre facture pétrolière en dollars, nous allons devoir payer davantage, alors même que le prix du pétrole lui-même (en dollars) n’a pas bougé. De même, si le cours du dollar baisse, le montant en euros correspondant à nos ventes d’Airbus, qui se font toujours en dollars (pas seulement quand on vend à une entreprise américaine), va diminuer, ce qui va affecter d’une part le montant de nos exportations, d’autre part les recettes de l’entreprise fabriquant les Airbus, ce qui risque peut-être de la mettre en péril (l’entreprise pourra-t-elle payer les salaires, par exemple, qui, eux, sont payés en euros, pas en dollars ?). On le voit, quand les monnaies flottent, ce qui devient difficile pour les entreprises, c’est de prévoir et donc de prendre des décisions dans un climat d’incertitude, car personne ne peut prévoir comment va évoluer le cours d’une monnaie. Nous reparlerons de ces questions dans la deuxième partie de ce chapitre.

Conclusion : on observe donc un développement très rapide des échanges internationaux  dans un cadre de plus en plus libre-échangiste. Dans quelle mesure ce développement a-t-il favorisé la croissance économique ? C’est que nous allons étudier maintenant.


1.3.1 - Les mécanismes reliant croissance économique et développement des échanges internationaux.

Nous avons déjà vu que l’échange international se développait parce qu’on tirait des avantages de ces échanges. Mais d’où viennent ces avantages ? Comment les expliquer ?  Les économistes estiment qu’il y a deux grandes explications aux avantages retirés, pour la croissance économique, de l’échange international : d’une part,  celui-ci favorise les gains de productivité, d’autre part il permet l’extension des marchés. Reprenons ces deux aspects l’un après l’autre.

· Les gains de productivité : les échanges internationaux  reposent sur les avantages comparatifs et la spécialisation qu’ils engendrent. Ce qui rend la spécialisation avantageuse, c’est la différence des prix relatifs. Celle-ci provient soit d’une dotation différente en facteurs de production (si l’on dispose d’une main d’œuvre nombreuse, son coût relatif devrait être faible, par exemple), soit d’une productivité du travail différente (dans ce cas, le coût unitaire est plus bas). En spécialisant la main d’œuvre dans ces productions, on augmente donc la productivité globale de l’économie, ce qui favorise la croissance économique, comme nous l'avons montré dans le premier chapitre du cours.

· L’extension des marchés : l’agrandissement de la taille du marché augmente les débouchés, les quantités produites peuvent donc augmenter. Or, quand la taille de la production augmente, les entreprises réalisent ce que l’on appelle des économies d’échelle ce qui diminue le coût unitaire de production. On peut donner quelques exemples d’économies d’échelle. D’une part, quand on achète de plus grandes quantités de matières premières ou d’électricité (pour produire plus), on obtient des rabais de la part des fournisseurs, ou encore quand on fait une campagne publicitaire, le coût est le même quelle que soit la quantité produite. D’autre part, le fait que le marché s’agrandisse s’accompagne du fait que la concurrence s’accroît : sur le marché mondial, il y a d’autres producteurs et tout le monde veut profiter de l’extension des marchés. Résultat : les entreprises sont incitées à faire tout ce qu’elles peuvent pour améliorer leur compétitivité, en particulier en améliorant leurs conditions de production et leur capacité à s’adapter aux variations de la demande. Et cela est favorable à la croissance : en effet,  sur le plan des prix comme sur celui de la qualité des produits, il va y avoir des gains qui vont se traduire en amélioration du niveau de vie et en croissance.

Gains de productivité et extension des marchés interagissent et se renforcent mutuellement : comme l’entreprise peut produire davantage du fait de l’extension des marchés, elle va pouvoir mettre en œuvre des précédés lui permettant de gagner en productivité. Comme elle améliore sa productivité, elle va pouvoir gagner des parts de marché, ce qui lui permettra de produire encore plus. Nous verrons dans la deuxième partie de ce chapitre à quel point les entreprises, en jouant ce jeu, ont été les vecteurs de la mondialisation de l’économie.
On a vu dès le premier chapitre que les gains de productivité étaient au cœur du mécanisme de la croissance économique. On comprend donc pourquoi le développement des échanges internationaux favorise la croissance économique. Pourtant, on observe que des pratiques protectionnistes subsistent et on peut se demander pourquoi

1.3.2 - La persistance des pratiques protectionnistes.

Il peut paraître étrange que les pays, y compris les grands pays capitalistes, se protègent de l’échange international, compte tenu de l’intérêt qu’il y a, sur le plan économique, à échanger. Donc, après avoir présenté brièvement comment les pays font pour se protéger, nous essaierons de comprendre pour quelles raisons ils le font.

1.3.2.1 - Quelles sont les pratiques protectionnistes actuelles ?

Elles sont de plusieurs types, les moins fréquentes étant les barrières tarifaires  On trouve  surtout des barrières non tarifaires, c'est-à-dire toutes les barrières autres que les droits de douane. Mais on a aussi une protection monétaire et financière ponctuellement efficace.

· Les barrières tarifaires
On appelle ainsi les taxes douanières mises à l’entrée de produits étrangers dans l’espace national. Ces barrières ont très largement disparu puisque le libre-échange les a pratiquement éliminées. On peut cependant considérer que le versement de subventions publiques aux entreprises constituent des barrières tarifaires : une entreprise dans cette situation peut vendre moins cher, du coup les importations sont découragées car elles apparaissent comme plus chères que les produits nationaux.

· Les barrières non tarifaires 

o Les restrictions quantitatives (quotas, contingentements) : les autorités politiques fixent un volume annuel maximum d’importation pour un produit donné. Une fois le volume atteint, on attend l’année suivante pour importer … Ces pratiques sont en principe interdites par le GATT comme par l’OMC. Elles ont beaucoup perdu d’importance aujourd’hui.

o Le commerce administré : il s’agit d’accords conclus entre deux pays pour limiter “ volontairement ” les exportations de l’un vers l’autre. Il y a eu de tels accords dans le textile par exemple : certains pays d’Asie se sont engagés à n’exporter que des quantités limitées de sous-vêtements en France. Mais ce type d’accords ne concernent pas forcément que des activités industrielles traditionnelles. Il y en a aussi dans l’électronique grand public ou les motos (source / Y. Crozet et alii, Les grandes questions de l’économie internationale).

o L’utilisation de mécanismes anti-subventions ou anti-dumping : les subventions aux entreprises et le dumping sont des pratiques interdites par l’OMC. Les Etats ont souvent édicté des lois, qui s’appliquent sur leur territoire national, visant à poursuivre les auteurs de ces pratiques. C’est le cas des Etats-Unis. L’utilisation de cette législation nationale peut être, en fait,  un instrument protectionniste. L’Etat qui veut protéger son territoire peut accuser les firmes (ou les Etats ) étrangères de pratiquer le dumping ou d’avoir bénéficié de subventions publiques. Au lieu de laisser l’OMC prendre les sanctions qui s’imposent si ces faits étaient prouvés, ce sont les tribunaux du pays accusateur qui vont décider de la réalité de l’infraction. On voit bien que la manipulation est possible et que les sanctions prononcées (en général, des surtaxes) peuvent être une forme de protectionnisme.

o L’imposition de normes diverses , techniques, sanitaires ou autres. Ces normes ont souvent officiellement comme objectif de protéger le consommateur mais elles sont aussi un moyen détourné pour décourager les importations. A titre d’exemple, on peut rappeler qu’en 1982, le gouvernement français a décrété que tous les magnétoscopes importés devraient transiter par le bureau des douanes de Poitiers pour les formalités douanières ; vu la taille de ce bureau et le boom de la demande de magnétoscopes à l’époque, on peut se douter du résultat : de gigantesques files d’attente et des magnétoscopes mis sur le marché français au compte-gouttes ! C’était bien sûr une mesure protectionniste.

o L’imposition d’un minimum de “ contenu local ” pour les importations : pour certains produits, les automobiles par exemple, certains pays exigent que le produit final importé contiennent des éléments fabriqués dans le pays.

· La protection monétaire et financière 

o La protection financière : les pays ont toute une gamme d’instruments financiers qui permet d’aider les firmes exportatrices. On peut citer les crédits à l’exportation à taux d’intérêt faible ou nul, les crédits d’impôts pour les entreprises exportatrices, etc.

o La protection monétaire : il s’agit d’utiliser la monnaie, c’est à dire en fait, directement ou indirectement (en manipulant les tausx d’intérêt), le taux de change pour aider les entreprises nationales à exporter davantage. La Banque centrale peut par exemple se débrouiller pour que le taux de change baisse plus qu’il n’aurait baissé spontanément de manière à rendre les produits nationaux plus compétitifs sur les marchés étrangers. On peut penser que ce n’est pas par hasard que le dollar en 2003 a tant baissé par rapport à l’euro : bien sûr, il y a le déficit commercial américain qui peut expliquer cette faiblesse de la devise américaine, mais la Banque centrale des Etats-Unis ne fait rien pour soutenir sa monnaie car cette baisse restaure la compétitivité des produits américains.

Conclusion : on voit que les instruments protectionnistes sont nombreux et largement utilisés.

1.3.2.1 - Quelles sont les pratiques protectionnistes actuelles ?

Elles sont de plusieurs types, les moins fréquentes étant les barrières tarifaires  On trouve  surtout des barrières non tarifaires, c'est-à-dire toutes les barrières autres que les droits de douane. Mais on a aussi une protection monétaire et financière ponctuellement efficace.

· Les barrières tarifaires
On appelle ainsi les taxes douanières mises à l’entrée de produits étrangers dans l’espace national. Ces barrières ont très largement disparu puisque le libre-échange les a pratiquement éliminées. On peut cependant considérer que le versement de subventions publiques aux entreprises constituent des barrières tarifaires : une entreprise dans cette situation peut vendre moins cher, du coup les importations sont découragées car elles apparaissent comme plus chères que les produits nationaux.

· Les barrières non tarifaires 

o Les restrictions quantitatives (quotas, contingentements) : les autorités politiques fixent un volume annuel maximum d’importation pour un produit donné. Une fois le volume atteint, on attend l’année suivante pour importer … Ces pratiques sont en principe interdites par le GATT comme par l’OMC. Elles ont beaucoup perdu d’importance aujourd’hui.

o Le commerce administré : il s’agit d’accords conclus entre deux pays pour limiter “ volontairement ” les exportations de l’un vers l’autre. Il y a eu de tels accords dans le textile par exemple : certains pays d’Asie se sont engagés à n’exporter que des quantités limitées de sous-vêtements en France. Mais ce type d’accords ne concernent pas forcément que des activités industrielles traditionnelles. Il y en a aussi dans l’électronique grand public ou les motos (source / Y. Crozet et alii, Les grandes questions de l’économie internationale).

o L’utilisation de mécanismes anti-subventions ou anti-dumping : les subventions aux entreprises et le dumping sont des pratiques interdites par l’OMC. Les Etats ont souvent édicté des lois, qui s’appliquent sur leur territoire national, visant à poursuivre les auteurs de ces pratiques. C’est le cas des Etats-Unis. L’utilisation de cette législation nationale peut être, en fait,  un instrument protectionniste. L’Etat qui veut protéger son territoire peut accuser les firmes (ou les Etats ) étrangères de pratiquer le dumping ou d’avoir bénéficié de subventions publiques. Au lieu de laisser l’OMC prendre les sanctions qui s’imposent si ces faits étaient prouvés, ce sont les tribunaux du pays accusateur qui vont décider de la réalité de l’infraction. On voit bien que la manipulation est possible et que les sanctions prononcées (en général, des surtaxes) peuvent être une forme de protectionnisme.

o L’imposition de normes diverses , techniques, sanitaires ou autres. Ces normes ont souvent officiellement comme objectif de protéger le consommateur mais elles sont aussi un moyen détourné pour décourager les importations. A titre d’exemple, on peut rappeler qu’en 1982, le gouvernement français a décrété que tous les magnétoscopes importés devraient transiter par le bureau des douanes de Poitiers pour les formalités douanières ; vu la taille de ce bureau et le boom de la demande de magnétoscopes à l’époque, on peut se douter du résultat : de gigantesques files d’attente et des magnétoscopes mis sur le marché français au compte-gouttes ! C’était bien sûr une mesure protectionniste.

o L’imposition d’un minimum de “ contenu local ” pour les importations : pour certains produits, les automobiles par exemple, certains pays exigent que le produit final importé contiennent des éléments fabriqués dans le pays.

· La protection monétaire et financière 

o La protection financière : les pays ont toute une gamme d’instruments financiers qui permet d’aider les firmes exportatrices. On peut citer les crédits à l’exportation à taux d’intérêt faible ou nul, les crédits d’impôts pour les entreprises exportatrices, etc.

o La protection monétaire : il s’agit d’utiliser la monnaie, c’est à dire en fait, directement ou indirectement (en manipulant les tausx d’intérêt), le taux de change pour aider les entreprises nationales à exporter davantage. La Banque centrale peut par exemple se débrouiller pour que le taux de change baisse plus qu’il n’aurait baissé spontanément de manière à rendre les produits nationaux plus compétitifs sur les marchés étrangers. On peut penser que ce n’est pas par hasard que le dollar en 2003 a tant baissé par rapport à l’euro : bien sûr, il y a le déficit commercial américain qui peut expliquer cette faiblesse de la devise américaine, mais la Banque centrale des Etats-Unis ne fait rien pour soutenir sa monnaie car cette baisse restaure la compétitivité des produits américains.

Conclusion : on voit que les instruments protectionnistes sont nombreux et largement utilisés.

1.3.2.2 - Les raisons de la permanence du protectionnisme.

Qu’est-ce qui pousse les Etats à développer des pratiques protectionnistes sans vouloir le reconnaître, puisqu’ils affirment pratiquer le libre-échange ?

· Il y a d’abord des arguments théoriques développés depuis fort longtemps.

o Le “ protectionnisme éducateur ” de Friedrich List : cet économiste allemand prend position au milieu du 19ème siècle contre le libre-échange généralisé pour les pays non encore industrialisés. Son raisonnement est le suivant : comme toutes les spécialisations ne se valent pas, comme il vaut mieux fabriquer des produits manufacturés modernes que des produits primaires, le pays doit fermer ses frontières à ces produits modernes pour permettre la naissance et le développement des jeunes industries (ou “ industries dans l’enfance ”, comme dit List). En effet, si on n’établissait pas de protectionnisme, les produits étrangers modernes arriveraient en masse dans le pays, à un prix bas du fait de l’expérience et des économies d’échelle réalisées par les entreprises étrangères. Résultat : les entreprises du pays ne pourraient pas rivaliser et devenir compétitives car, au début de la production, les coûts sont toujours élevés, et finalement, les industries modernes ne se développeraient jamais dans le pays. Pour List, le libre-échange est donc une machine de guerre aux mains des pays les plus avancés, à son époque surtout le Royaume-Uni, berceau de la 1ère révolution industrielle. Les pays les moins avancés ne doivent pas le mettre en application pour l’ensemble des branches mais seulement dans les branches où ils n’ont pas d’entreprises naissantes à protéger. Cependant, le protectionnisme doit n’être que provisoire car il tend à augmenter les prix : à l’abri des frontières, les producteurs ne sont pas soumis à la concurrence internationale et pratiquent des prix supérieurs aux prix mondiaux.
P. Krugman, un économiste américain contemporain, dit à peu près la même chose quand il parle de protectionnisme stratégique : dans les secteurs considérés comme stratégiques par le pays, il peut être rationnel de mettre en œuvre un protectionnisme sectoriel de manière à ce que le secteur puisse se développer et atteindre la taille critique (celle qui permettra de rivaliser avec les oligopoles déjà en place sur le marché mondial). Ainsi, Airbus a-t-elle été très largement subventionnée par les gouvernements français et allemands. C’était le prix à payer pour qu’Airbus puisse rivaliser avec Boeing, ce qui est largement le cas aujourd’hui.

o La mise en avant de l’ “ intérêt national ” : plusieurs arguments peuvent être avancés dans ce domaine. D’abord, un pays peut estimer que certaines activités sont “ stratégiques ”, comme la production d’énergie par exemple, et, de ce fait, refuser la concurrence étrangère sur son territoire. Cela a été pendant très longtemps le cas pour la production d’électricité en France. Ensuite, on peut souhaiter, tant pour des raisons économiques que sociales (préserver l’emploi dans certaines régions, par exemple), éviter la disparition d’entreprises nationales sous la pression de la concurrence internationale.

o La protection contre les récessions importées : le libre-échange accroît l’interdépendance et la spécialisation des économies. Le risque, bien mis en évidence par Keynes, est que par le biais des importations, dont le poids relatif s’accroît, le pays ne soit atteint par les ralentissements conjoncturels dans les pays clients et fournisseurs. C’est bien sûr ce qui s’était passé, spécialement au Royaume-Uni, pendant la crise de 1929. Mais le raisonnement tient toujours aujourd’hui, comme l’ont montré certaines crises récentes (crise asiatique de la fin des années 1990, par exemple).

· Il y a ensuite des arguments pragmatiques : la réalité « impose » parfois des mesures protectionnistes.

o Le premier argument repose sur l’idée que, face aux nations économiquement dynamiques, certaines grandes puissances traditionnelles se protègent pour éviter à leurs entreprises de perdre trop de parts de marché domestique. Mais elles ne pourraient pas le reconnaître sans perdre la face, vu leurs positions antérieures sur le protectionnisme.

o Le deuxième argument prend en compte les rapports de force à l’intérieur du pays qui tente de se protéger : les consommateurs perdent au protectionnisme sur le plan des prix, mais la perte est diffuse et peut apparaître comme minime individuellement, alors que les entreprises menacées par le libre-échange, beaucoup moins nombreuses, gagnent chacune beaucoup plus au protectionnisme ; elles vont donc exercer une pression forte en faveur du protectionnisme alors que les consommateurs ne défendront que mollement le libre-échange. En paroles libre-échangiste, en actes protectionniste, l’Etat gagne sur les deux tableaux.

o Le troisième argument qui permet de comprendre ce double langage tient à l’importance du secret dans les négociations internationales : quand il y a des gains potentiels, chacun essaie de garder des informations, de ne pas “ tout dire ” aux autres de manière à garder des cartes en main. Ainsi l’accès  à certains marchés reste très opaque, et c’est cette opacité-là justement qui est la meilleure protection. On peut même penser que, dans le domaine des échanges internationaux de services, ces protections secrètes, que les acteurs étrangers n’arrivent pas à bien cerner, vont jouer, ou jouent déjà, un grand rôle.

Pour  des raisons multiples, pas forcément mauvaises, le protectionnisme n’a pas disparu quoi qu’en disent parfois les autorités politiques.

Conclusion
Dans le débat entre libre-échange et protectionnisme, le libre-échange a évidemment gagné. On peut considérer qu’il est favorable globalement à la croissance économique, même si concrètement, il est parfois nécessaire de recourir au protectionnisme, au moins temporairement. Les politiques menées par les Etats en faveur de l’insertion de leur économie nationale dans les échanges internationaux sont donc marquées par ces deux tendances qui peuvent apparaître parfois comme contradictoires. Cependant, il reste une question essentielle : la croissance économique et le développement, ce n’est pas la même chose. Peut-on considérer que l’insertion dans les échanges internationaux est un gage de développement ? La question se pose avec acuité pour les pays en développement. C’est donc cette question que nous allons examiner maintenant

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