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Ter ES Saint Paul Ajaccio
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2 juin 2006

des articles à lire ..des sujets potentiels

Le modele social français

Pour dénoncer la faillite du modèle social français, on s'appuie souvent sur l'analyse du taux de chômage, effectivement plus élevé en France que dans de nombreux autres pays développés. Se limiter à l'analyse de cet indicateur est cependant problématique, surtout lorsqu'ensuite, on vante les mérites du modèle américain ou britannique, qui "produisent" un taux de chômage significativement plus faible.

Pour compléter le diagnostic, il convient de se doter d'autres indicateurs, notamment d'un indicateur permettant de caractériser les disparités de revenu que l'on observe au sein de chaque pays. Pourquoi? Car l'objectif économique essentiel de tout pays est d'assurer à l'ensemble des habitants un niveau de vie élevé et si possible croissant.

On constate alors que le classement des pays est sensiblement différent de celui qu'on observe en se limitant au taux de chômage, comme en témoigne le graphique suivant, paru dans Le Monde du 3 mai 2006 :

Contrairement aux autres pays de l'échantillon, la France n'a pas connu d'accroissement des disparités de revenu. Certes, les disparités restent plus fortes qu'en Allemagne, ou en Suède, mais elles sont sensiblement plus faibles que celles observées au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis (et les écarts se creusent sur la période).

Preuve en passant qu'aucun modèle n'est supérieur à l'autre : pour paraphraser le titre d'un article de Paul Krugman,
si la France est sans emploi (taux de chômage élevé), l'Amérique (ajoutons le RU) est sans le sou (disparités de revenu très forte) [Paul Krugman, "L'Europe sans emploi, l'Amérique sans le sou ?", Futuribles, n°201, sept. 1995, p. 58].

Est-on condamné à l'un des deux maux? Sans doute pas, car des pays comme la Suède sont parvenus à des compromis plus intéressants, avec faible taux de chômage et faibles disparités (on constate cependant que la situation de la Suède se détériore sur la période). Reste à identifier les politiques à mettre en oeuvre, en France, pour arriver à un tel résultat mieux équilibré. Dans cette perspective, prôner le rapprochement du modèle britannique ne semble pas la voie "royale"...

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Le poids de la dette

Dans son édition datée du mardi 18 avril 2006, Les Echos titraient en gros et en gras : "Nouveau piège pour Matignon : le coût croissant de la dette".

Et chacun de déplorer le niveau astronomique de l'endettement public. Et certains de déclarer qu'il faut gérer le budget en bon père de famille, donc ne pas trop s'endetter (je ne donne pas de noms, mais il y aurait de quoi faire un jeu concours là-dessus...).

Sauf que...

* cet accroissement du coût de la dette s'explique par la montée des taux directeurs de la Banque Centrale Européenne, pilotée par Jean-Claude Trichet. Et Mr Trichet, bien imprégné des analyses monétaristes, soucieux de désinflation compétitive, a peur que la hausse du prix du pétrole ne se traduise par un retour de l'inflation (c'est vrai que l'on atteint des niveaux records...). D'où l'augmentation du principal taux directeur à 2,5% il y a un peu plus d'un mois. D'où la nouvelle hausse programmée en juin semble-t-il. On pourrait peut-être s'interroger un jour sur la politique de la BCE et sur les missions qui lui sont confiées (rappelons que la BCE a pour seul objectif la stabilité des prix, pendant que la Fed (son équivalent US) a un double objectif de stabilité des prix et de croissance économique)...
* La métaphore du bon père de famille semble frappée du coin du bon sens et généralisable à l'Etat : on ne peut pas s'endetter indéfiniment, il faut bien rembourser un jour... Sauf qu'il existe une différence de taille entre un Etat et un père de famille : le dernier vieilli, le premier non (je parle de l'Etat en tant qu'institution, pas de nos dirigeants :-))...  De ce fait là,  l'Etat peut  se permettre de conserver un  taux d'endettement constant...
* Surtout : on fait comme si être endetté était mauvais en soi, mais tout dépend, en fait, de ce que l'on finance en s'endettant. Or, plus que le niveau de la dette en France, c'est l'utilisation de l'argent public qu'on nous annonce qui fait un peu peur : d'un côté, 350 millions d'euros pour les restaurateurs, contre qui je n'ai absolument rien, si ce n'est que je ne les considèrent pas comme les leviers essentiels de la croissance économique future. De l'autre côté, un sous-investissement dans la recherche et dans l'enseignement supérieur . Car c'est bien sûr, l'enseignement supérieur est si riche que notre ministre affirme « Je pense que les universités peuvent vraiment supporter ce coût-là [les dégâts lors des manifs anti-CPE] et nous, continuer notre programme de formation des jeunes »
Petite citation convergente : "l'essentiel n'est pas de réduire la dette publique à court terme mais plutôt de restructurer les dépenses publiques aux fins d'augmenter le potentiel de croissance : baisser les dépenses inefficaces en accroissant la productivité des services, réduire celles dont l'objectif premier est de satisfaire des lobbies à des fins électorales [les restaurateurs?], mais également augmenter l'investissement public dans certains domaines où la France a accumulé un retard préoccupant depuis le début des années 90 : l'éducation supérieure[Allô, Gilles?], la recherche, les infrastructures, notamment urbaines." C'est de Aghion et Fitoussi, article paru dans le Figaro du 26 janvier 2006.  Je vous invite à lire l'article en entier, il permet d'avoir une vue moins caricaturale du problème de la dette (voir aussi celui-ci, plus ancien (article 2004 paru dans Le Monde), de Fitoussi tout seul)...

 

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