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Ter ES Saint Paul Ajaccio
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27 septembre 2007

croissance molle ?

a retrouver dans la dernière édition du Monde là

Dernier souci et non des moindres pour le chef de l'Etat : avec son "paquet" fiscal à 15 milliards d'euros en année pleine, ciblé pour l'essentiel sur les plus aisés des ménages, le gouvernement a brûlé toutes ses cartouches budgétaires. Il ne lui reste aucune munition pour soutenir l'activité en cas de retournement conjoncturel, viennent de souligner les économistes Philippe Aghion, Gilbert Cette, Elie Cohen et Jean Pisani-Ferry, dans le dernier rapport du Conseil d'analyse économique (CAE) sur "Les leviers de la croissance française".

CHANGER LES MENTALITÉS

D'autres causes, structurelles, font du relèvement de la croissance potentielle de la France à 3 % un objectif de moyen, voire de long terme. Quand on la compare à sa voisine allemande, l'économie française se caractérise non par le moindre dynamisme de ses créations d'entreprises, mais par la difficulté de ses PME à grandir. La France n'a pas assez de grosses PME innovantes et exportatrices. Ses produits, positionnés sur le milieu de gamme, subissent de plein fouet la concurrence des pays émergents, ont analysé les économistes Patrick Artus et Lionel Fontagné. Les efforts engagés par le secrétaire d'Etat aux entreprises et au commerce extérieur, Hervé Novelli, et par le gouvernement pour recibler certaines aides sur les entreprises moyennes, pour faciliter leur financement ou leur accès aux marchés publics, ne donneront de résultats qu'à moyen terme.

La rigidité du marché du travail, l'ampleur du "coin fiscal" - la différence entre le salaire net touché par un salarié et celui versé par l'employeur -, la très imparfaite ouverture du marché des biens et des services, pénalisante pour l'emploi, l'effort insuffisant en recherche et développement (R & D) ou le relatif sous-investissement dans l'enseignement supérieur sont autant de freins qu'il est impossible de desserrer rapidement.

Même si elle devait être conduite à la hussarde, la fusion de l'ANPE et de l'Unedic, qui aura pour mérite de mettre en place un guichet unique pour les demandeurs d'emploi, ne peut produire d'effets que dans la durée, avec la naissance progressive d'une culture de travail commune aux deux institutions. On pourrait en dire autant des efforts engagés dans le domaine de la recherche, de l'innovation et de l'enseignement supérieur. Et ce n'est pas un hasard si la Commission pour la libération de la croissance, présidée par Jacques Attali, s'intéresse tout particulièrement aux freins culturels, voire comportementaux, susceptibles d'expliquer le retard français. Or changer les mentalités est un travail de longue haleine.

Une chose est sûre : à suivre la pente actuelle, celle de la croissance molle, l'écart de revenu par habitant entre les Etats-Unis et la France sera, en 2020, équivalent à celui qui sépare aujourd'hui la France de la République tchèque, précisent les auteurs du rapport du CAE. L'objectif de 3 % de croissance est donc peu contestable. Mais, analysent-ils, les réformes indispensables pour l'atteindre auront un coût total d'environ 1,3 point de PIB et il faudra au minimum quatre à cinq ans pour qu'elles s'autofinancent. Cette réalité-là, celle de réformes produisant des effets à l'horizon de cinq, voire de dix ans, et celle d'un monde globalisé dans lequel les vieux pays industrialisés vont continuer à souffrir du choc avec les pays émergents constituent des données qui s'imposent à la France. Elles ne disparaissent pas du seul fait d'une élection politique, fût-elle présidentielle.

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